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Photo du rédacteurCatherine DUMAS

Haroué, précurseur d'une nouvelle voie pour faire renaître les grands châteaux historiques privés !


Le "Chambord lorrain" : le château des Beauvau-Craon, dit château d'Haroué (XVIIIe s.) © Patrick Maire, 2015

Il y a quelques jours, la gestion du « Chambord lorrain » a été transférée à l’Etat. Une grande première, rendue possible grâce au talent et aux compétences de Philippe Bélaval, Président du Centre des monuments nationaux (CMN).


Pour la première fois en France, une demeure privée va être gérée par une institution publique. Ce nouveau type de partenariat devrait permettre à ce joyau d'éviter la ruine ou le rachat. Ce château XVIIIe de 82 pièces et ses illustres propriétaires ont fait l’histoire de la Lorraine. Construit par l’architecte Germain Boffrand (le même architecte qui officia au Sénat pour certaines parties du Palais du Luxembourg), ce domaine de 16 hectares abritant un jardin à la française, est resté dans la même famille, une lignée de princes, jusqu’à nos jours.


Au décès de son père en 1982, Minnie de Beauvau-Craon va porter le château à bout de bras, y organisant opéras en plein air, festivals, expositions, et accueillant chaque année des visiteurs, du printemps à l’automne. Mais cela n'a pas suffi à entretenir cet immense domaine. C’est pourquoi à deux reprises, en 2005 et 2015, la princesse a vendu une partie des collections aux enchères, chez Christie’s puis à Drouot. Certaines pièces d’exception ont même été rachetées par l’Etat, qui les conserve au château de Maisons-Laffitte.


Ces ventes ont crée des tensions entre la famille de Beauvau-Craon et le ministère de la Culture. Mais grâce au président du Centre des monuments nationaux, une nouvelle page va s’écrire pour le château d’Haroué. Philippe Bélaval a en effet réussi à convaincre la ministre de la Culture de conclure un accord entre un grand propriétaire privé et son établissement.


Le Centre des monuments nationaux est intimement lié à celui du patrimoine monumental de l'État. La mission séculaire de cet établissement public repose sur la concordance de deux principes fondamentaux que sont la responsabilité de l'État envers son héritage patrimonial et la solidarité. Le CMN entretient, anime et valorise une centaine de sites dont il a la charge. C'est grâce à son action que des millions de visiteurs peuvent aujourd'hui accéder aux monuments nationaux qui constituent un pan essentiel de notre culture.


Le CMN s’engage ainsi à Haroué à développer une offre culturelle, monter des expositions, dont une en partenariat avec Versailles, et organiser des concerts. Des visites guidées, la création d’un site Internet et d’un compte Instagram sont également envisagés.


La princesse Minnie de Beauvau-Craon s’est réjouie de ce partenariat qui permettra de « réveiller la belle au bois dormant » qu’est devenu son château familial. Expliquant qu’un grand château était mis en vente tous les jours dans notre pays, elle souhaite aller plus loin à l’avenir, et créer un « National Trust » à la française (association anglaise gérant 300 monuments grâce à des adhésions et des placements).


Bravo pour cette première initiative privée-publique dans le domaine patrimonial, qui va permettre de préserver des lieux historiques menacés de disparaître. Nous avons en France un art de vivre unique qu’il nous faut sauvegarder !



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