La crise sanitaire liée à l'épidémie de Covid-19 a fragilisé les jeunes créateurs de mode de l'Hexagone.
La publication des chiffres des ventes de textile-habillement par l'Institut Français de la Mode indique une chute de 85,5 % pour le mois d'avril, tombant même à 100 % chez les indépendants.
Même si les jeunes créateurs de mode ont su depuis quelques années anticipé les mutations technologiques en adaptant leurs méthodes de distribution, par exemple en favorisant la fluidité entre internet et les magasins physiques, ils souffrent et risquent pour la plupart de disparaître à court ou moyen terme.
Ils doivent surtout faire face à des problèmes de trésorerie. Ainsi ils seraient près de la moitié à accuser des retards de paiement de la part des détaillants multimarques (c'est-à-dire des boutiques indépendantes, grands magasins, concept stores, e-shops). En outre près de 40 % d'entre eux connaîtraient des ruptures de stocks liées à l'arrêt des ateliers et usines de confection.
Si le Gouvernement annonce depuis quelques semaines de nombreuses mesures de soutien en faveur des entreprises, les jeunes créateurs sont un peu laissés de côté. En effet, pour la plupart d'entre eux, ils ne sont pas éligibles au fonds de solidarité. Et ils seraient moins de 10 % seulement à être éligibles aux prêts garantis par l'Etat (PGE).
Rappelons que la mode est un pilier de notre économie en contribuant directement au produit intérieur brut (PIB) national à hauteur de 36 milliards d'euros par an. Elle génère chaque année 150 milliards d'euros de chiffre d'affaires, ce qui la place devant l'automobile et l'aéronautique réunis !
J'ai donc sensibilisé le ministre de l'Economie et des Finances à ce sujet pour que le Gouvernement puisse apporter des réponses spécifiques à ce secteur, vitrine de notre savoir-faire national.
Le sujet sur lequel est interpellé le ministre porte sur les difficultés rencontrées par les jeunes créateurs de mode français dans le contexte de la crise sanitaire liée au Covid-19.
Face à cette situation inédite, le Gouvernement a mis en place un important éventail de mesures pour soutenir les entreprises, dont les jeunes marques ont pu bénéficier : délais de paiement pour les échéances sociales ou fiscales, remise d'impôts directs, report de paiement des factures, fonds de solidarité, prêt de trésorerie garanti par l'État, plan de soutien aux entreprises exportatrices, ou encore le chômage partiel.
Il est notamment mentionné que les jeunes créateurs ont été touchés par des retards de paiement et ruptures de stocks. Quand ces difficultés ont été portées à la connaissance du Comité stratégique de filière (CSF) Mode & Luxe, elles ont pu être abordées et parfois résolues en bonne intelligence avec les partenaires français. Des réponses spécifiques ont pu être apportées pour les couturiers et les fabricants de vêtements de cérémonie, d'accessoires de ganterie et de chapellerie et de costumes pour les grands évènements. En effet, le Gouvernement depuis la crise sanitaire a mis en place un dispositif de soutien aux secteurs particulièrement exposés que sont le tourisme, l'hôtellerie, la restauration et l'évènementiel.
Conscient que ces secteurs avaient un impact sur des activités en amont, et notamment dans le secteur textile, ils ont progressivement été ajoutés à la liste des bénéficiaires (liste S1bis), à l'instar les fabricants de linge de maison, de vêtements professionnels et les dentelliers.
Enfin, le Gouvernement a confié en juin 2020 une mission menée sous l'égide du président du CSF Mode & Luxe, qui a associé des experts et des compétences du luxe, de la confection et de la distribution, pour étudier les opportunités de relocaliser certaines activités, sur la base d'une production innovante, durable, génératrice de produits de qualité et d'emplois non délocalisables. Les préconisations de ce rapport ont pu être intégrées à l'avenant du CSF qui a été signé en avril dernier.
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