A l'initiative de ma collègue Sénatrice Martine Berthet, j'ai cosigné une tribune adressée au Premier Ministre, afin de soutenir la réouverture des stations de sports d'hiver. Membre du Comité interministériel du Tourisme, il me semble primordial de défendre ces milliers de professionnels dans cette période si difficile pour tout un secteur.
Depuis l'envoi de la tribune à Matignon, nous avons appris aujourd'hui qu'une date de révision de la décision du Premier Ministre avait été fixée au 11 décembre, à la suite de la réunion qui s'est tenue hier matin avec les professionnels des stations de sports d'hiver.
En annonçant qu'il était difficilement concevable d'ouvrir les stations de sport d'hiver à Noël, le Président de la République a plongé l'ensemble des élus de la montagne, des socio-professionnels et des Français qui vivent du tourisme d'hiver, dans la stupéfaction et l'incompréhension, alors que tous travaillent depuis des semaines, à des protocoles sanitaires extrêmement exigeants et à la mise en place de centres de dépistage dans toutes les stations, en lien avec le Gouvernement.
Il s'agit d'un incohérence réelle au plus haut sommet de l'Etat, entre le Président de la République et son Gouvernement. Le lundi 23 novembre, le Premier Ministre s'engageait lors d'une réunion auprès de tous les acteurs de la montagne à travailler sur les conditions d'une ouverture en fonction de l'évolution de la situation sanitaire, dans les 10 jours. Le 24, le Secrétaire d'Etat en charge du tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne faisait la même réponse à la députée Emilie Bonnivard qui l'interrogeait à ce sujet lors des Questions au Gouvernement. Le soir même le couperet tombe de la part du Président : pas d'ouverture envisagée à Noël. En 48h, tout a été dit et son contraire.
Bien sûr que l'ouverture des stations ne se fera pas dans les conditions habituelles ; bien sûr que cette ouverture doit être conditionnée à la situation sanitaire et aux capacités d'accueil des hôpitaux; bien sûr qu'il faut des protocoles sanitaires adaptés ; bien sûr que les capacités d'accueil dans les stations seront réduites ; bien sûr qu'il faut des centres de dépistage et des dispositifs pour isoler les malades dans chaque station ; bien sûr que l'on ne fera pas la fête et que les regroupements ne seront pas possibles...mais tout cela est soit déjà décidé, soit déjà prêt, soit en cours de préparation ! Les parlementaires Les Républicains souhaiteraient que la décision soit prise mi-décembre, en fonction de la circulation réelle du virus, de la capacité d'accueil des hôpitaux, et de la validation définitive de tous les protocoles sanitaires. Avant cela, toute décision est prématurée.
En annonçant une décision sur une ouverture éventuelle au 20 janvier, le Président condamne d'emblée 35 % du chiffre d'affaires d'une saison, et ne donne aucune perspective d'ouverture certaine, même pour février, mois ô combien décisif pour ce secteur. On pourra, à Noël et lors du Jour de l'An voyager partout, aller en vacances à l'étranger, les plus aisés pourront aller skier à Gstaad, Zermatt ou à Davos...Mais pas dans les montagnes françaises ? Car ne nous y trompons pas, les plus pénalisés par cette décision seront les petites et moyennes stations, qui n'ont pas ou peu de réserves, et pourtant plébiscitées par nos concitoyens des classes moyennes et populaires, qui y skient à la journée, au week-end ou à la semaine, que ce soit dans les Vosges, le Jura, les Pyrénées, les Alpes, ou en Auvergne... Les plus pénalisés seront également les centres de vacances qui ne pourront accueillir les enfants de toute la France, lors de classes de neige ou de découverte, pour lesquels ce séjour peut représenter le seul départ de l'année. Ces centres ne se remettront pas d'un hiver sans activité...
Le Président a indiqué qu'un consensus européen était nécessaire, comme pour mieux se dédouaner de sa responsabilité : c'est un leurre. L'Espagne et Andorre vont vraisemblablement ouvrir. La Suisse a décidé d'ouvrir. L'Autriche, pays le plus comparable à la France en termes de poids économique des sports d'hiver se donne, de manière responsable, encore le temps d'analyser l'évolution sanitaire avant de se prononcer. Notre seule boussole doit être la situation sanitaire et la capacité des stations à protéger touristes et professionnels.
En outre, que veut dire ne pas ouvrir une station ? Une station n'est pas un territoire hors-sol. Ce sont des communes, des villages, dans lesquels les gens vivent et ont le droit de vivre ! Et ces villages, ces communes ne sont pas fermées ! Personne n'a le droit, pas même le Président de la République, de fermer des villages ou des communes, où nos concitoyens ont des logements et des appartements ! Y seront observées les mêmes règles de vie, et de protocole sanitaire qu'en ville. Les stations ne peuvent être traitées différemment du reste du territoire national, dès lors que l'on y respecte scrupuleusement les protocoles sanitaires. En quoi est-il plus risqué de faire des courses dans une supérette en montagne, qu'en ville ? En quoi est-il plus risqué d'être sur un télésiège au grand air, masqué, que dans une rame de métro bondée ? Les stations, ce sont aussi des raquettes à neige, du ski de fond, des ballades. En quoi, serait-il plus risqué de marcher en montagne plutôt qu'en ville ?
Et non, les stations, ça ne concerne pas que les "riches", ce sont des dizaines de milliers d'emplois sur tout le territoire national, car l'essentiel des travailleurs saisonniers viennent de toute la France, et ont construit leur vie sur une double activité hiver et été ! Ils ne roulent pas sur l'or, et la saison d'hiver est une part essentielle de leur gagne-pain. Comment embaucher des saisonniers quand vous êtes restaurateur ou opérateur de remontée mécanique alors que vous n'avez aucune perspective ? Comment vont vivre tous ces travailleurs les prochains mois ?
La France est l'un des leaders mondiaux des sports d'hiver. Dans tous nos massifs, ce sont près de 120 000 emplois directs et 10 milliards de chiffres d'affaires qui sont en jeu au travers de cette économie. Ce sont des milliers de saisonniers, restaurateurs, hébergeurs, commerçants, loueurs de matériel, moniteurs de ski, accompagnateurs, guides, pisteurs, domaines skiables qui vivent de cette économie. Ce sont aussi de nombreuses filières économiques qui en dépendent à l'année, comme le BTP, la viticulture, l'agriculture, les transporteurs, etc.
Nous Parlementaires Les Républicains demandons que les engagements gouvernementaux soient respectés, qu'un travail approfondi et minutieux soit conduit pour rendre cette ouverture possible et, dans les tous cas,ne prendre qu'au 15 décembre une décision parfaitement éclairée. Jusqu'à présent, les Conseils départementaux, régionaux, les Maires et les socio-professionnels, ont beaucoup travaillé, en lien avec les Agences régionales de santé, pour établir les conditions de cette réouverture. C'est maintenant au Gouvernement de se mobiliser pour sauver un secteur économique vital pour notre pays. C'est ce que nous attendons de sa part, et non une condamnation prématurée de tout un secteur économique. Nous voulons un sursaut car des dizaines de milliers d'emplois et tout un secteur économique d'excellence sont en danger. Les Républicains demandent la tenue en urgence d'une nouvelle réunion avec le Gouvernement, les responsables sanitaires des principales régions concernées, et les acteurs de la montagne, afin de redéfinir une feuille de route consensuelle, qui laisse une chance de survie à ce secteur.
=> Un rectificatif du Premier Ministre a été fait jeudi 26 novembre. Jean Castex a indiqué que seuls les remontées mécaniques et les restaurants seraient fermés et non les stations en totalité. Mais cela n'est pas suffisant. Il est indispensable qu'un réexamen de la décision puisse intervenir à la mi-décembre et ensuite tous les dix jours au regard de l'évolution de la situation sanitaire et du niveau de saturation des services de réanimation dans nos hôpitaux. L'aval du Premier Ministre pour ces réexamens réguliers est d'importance capitale pour le monde économique des stations et autour des stations, ainsi que pour l'emploi.
Nous avons appris depuis qu'une révision de la décision interviendrait au 11 décembre. Espérons que cela soit une annonce positive pour nos stations de montagne.
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