Le remplacement des grands corps de l'Etat par un corps unique d'administrateurs suscite une inquiétude légitime chez nos diplomates...
J'ai donc interrogé, au Sénat, le Ministre de l'Europe et des affaires étrangères, Jean-Yves LE DRIAN, à l'occasion de la 1ère séance 2022 des Questions au gouvernement :
Réforme du corps diplomatique (Compte rendu analytique officiel du mercredi 5 janvier)
Mme Catherine Dumas. – La suppression des grands corps de l’État au profit d’un corps unique d’administrateurs, voulue par le Président de la République, vient de connaître sa première traduction : la création de l’Institut national du service public.
Les 800 membres des corps de conseiller des affaires étrangères et de ministre plénipotentiaire sont légitimement inquiets.
Issus de l’ENA ou du prestigieux concours d’Orient, ces serviteurs de l’État embrassent la carrière diplomatique par vocation. Le métier de diplomate n’est pas celui de préfet ou d’inspecteur général des finances. Être diplomate, c’est posséder des compétences de négociation et une expérience de terrain construites au fil des années.
Monsieur le ministre, pouvez-vous confirmer le maintien du concours du cadre d’Orient, qui fait la réputation du plus vieux service diplomatique au monde ? Pouvez-vous préciser si les ambassadeurs continueront d’être nommés sur votre proposition ?
M. Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des affaires étrangères. – Oui, l’engagement des diplomates est un choix de vie ; la diplomatie est un métier, fondé sur des compétences rares et construites dans la durée.
J’ai veillé à l’articulation de la réforme de la haute fonction publique souhaitée par le Président de la République avec ces nécessités. J’ai obtenu à cet égard l’entier soutien du Premier ministre.
Le concours d’Orient sera maintenu, et le ministère en maîtrisera les modalités d’organisation ; ses lauréats s’inscriront dans une filière professionnelle clairement identifiée.
La revalorisation des carrières des secrétaires des affaires étrangères sera renforcée. Les conseillers des affaires étrangères et ministres plénipotentiaires qui choisiront de ne pas devenir administrateurs de l’État ne seront pas pénalisés. Les agents, de tout statut, ayant fait le choix de la diplomatie doivent pouvoir mener toute leur carrière au Quai d’Orsay.
Les métiers de la diplomatie sont ainsi préservés, en cohérence avec la réforme voulue par le Président de la République. (Applaudissements sur les travées du RDPI)
Mme Catherine Dumas. – L’inquiétude est partagée sur toutes les travées de cet hémicycle. Nous refusons la dérive vers une politisation des nominations d’ambassadeurs. Nous possédons le deuxième réseau diplomatique au monde : alors que
les crises internationales se multiplient, gardons-nous de l’affaiblir ! ( Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains)
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